Si le numérique a permis la dématérialisation des données et celle de nombreuses tâches, la pollution numérique qu’il génère est, quant à elle, avérée, tangible et mesurable. L’impact du numérique sur l’environnement est colossal et va croissant, la plupart d’entre nous y apporte une contribution active et souvent inconsciente. Alors que faire, si nous voulons limiter notre impact et opter pour des pratiques plus écologiques, en particulier dans notre vie professionnelle ?
L’empreinte environnementale du numérique, une réalité ?
Alors que nos pratiques digitales ne cessent de se développer, la facture environnementale s’alourdit. Fabrication de matériels, usages, stockage et distribution des données, chaque étape affecte l’environnement.
Au niveau mondial, l’empreinte environnementale du numérique équivaut à 2 à 3 fois l’empreinte environnementale globale de la France.
Consommation d’énergie primaire
4.2%.
Emission de gaz à effet de serre (GES)
3.8%.
Consommation d’eau
0.2%.
Consommation d’électricité*
5.5%.
Les premiers responsables de la pollution numérique sont nos équipements, leur fabrication et leur consommation énergétique qui pèsent lourdement sur notre environnement. Viennent ensuite les infrastructures réseaux et les data centers.
De notre surconsommation numérique découlent des conséquences aussi lourdes que l’épuisement des ressources non renouvelables, la perturbation des écosystèmes, l’accroissement des zones de stress hydraulique, ou encore la production de gaz à effet de serre à hauteur de 4% des émissions mondiales (8% d’ici 2025).
Production des GES par le numérique
%
Data Centers
%
Infrastructures réseaux
%
Equipements utilisateurs
Alors que pouvons-nous faire pour réduire la facture environnementale et nous assurer des jours meilleurs ?
Voici 7 pistes à suivre pour agir aujourd’hui et préparer demain.
- Nettoyez et organisez votre boîte mails
C’est finalement l’une des premières actions à réaliser et aussi une des plus simples.
Même si vous avez laissé des centaines de mails s’accumuler dans votre boite de réception et que la tâche vous semble pharaonique, vous pouvez déjà régler l’essentiel du problème en quelques clics.
- Créez une archive dans votre boite mail et déplacez-y tous vos mails.
Les archives sont stockées sur votre disque dur, elles libèrent donc de l’espace sur les serveurs. Puis organisez votre archive par thématiques, selon vos besoins. Vous pourrez ainsi prendre tout votre temps pour le classement, sans générer de transferts de données. - Limitez vos envois à l’essentiel. Une short-list de destinataires est plus efficace et valorisante qu’une longue liste « parapluie ».
- Réduisez la taille des pièces jointes à vos mails en les compressant, ou utilisez WeTransfer qui supprime les archives au bout de 7 jours et ainsi réalise le nettoyage de données à votre place.
- Pensez à vider quotidiennement votre boite de spams et votre corbeille.
En 2019 les échanges de mails étaient évalués à 293 milliards dans le monde, hors spams (ceux-ci pouvant représenter jusqu’à 90% du volume annuel). - Pour simplifier le tri des spams et des newsletters non consultées, vous pouvez aussi avoir recours à des outils de nettoyage qui s’en chargent pour vous comme Cleanfox (soyons chauvins), Clean email, listwise ou encore Instaclean pour votre mobile.
- Optimisez l’utilisation de votre navigateur web
Chaque jour Google enregistre 5,600,000,000 de recherches dont 15% n’auraient jamais été formulées auparavant. On voit donc assez vite, qu’il est essentiel d’améliorer nos usages pour le bien-être commun.
- Privilégiez les moteurs de recherche responsables tels que Qwant, Ecogine, Lilo ou Ecosia qui réduisent votre empreinte carbone et protègent votre vie privée.
- Enregistrez les sites que vous fréquentez le plus régulièrement dans vos favoris et créez des dossiers thématiques de favoris pour les organiser et y accéder rapidement.
- Si vous savez ce que vous cherchez, tapez directement dans la barre d’adresse le site recherché, ou rappelez des pages enregistrées dans vos favori. Vous réduirez ainsi les échanges de données.
- Ciblez au maximum vos recherches. Plus vous serez précis dans votre requête, plus vous accéderez rapidement à des réponses pertinentes.
Un onglet ouvert s’actualise régulièrement sollicitant les data centers. Pour vous y aider, il existe The Great Suspender. Cette extension disponible pour Google ou Bing, assure la mise en veille des onglets non utilisés, pour éviter qu’ils ne se réactualisent, et libère de la ressource sur votre ordinateurs.
- Limitez l’impact de la publicité sur votre navigation
Toutes les formes de publicités impactent les transferts de données, en particulier lorsqu’elles font l’objet d’un suivi car elles impliquent plusieurs parties : l’émetteur, le diffuseur et des tiers qui monitorent les flux.
- Evitez de cliquer sur les annonces qui apparaissent en premières lignes des réponses des SERP (page de résultat des moteurs de recherche ), elles multiplient les flux de données.
- Faites quotidiennement le ménage dans vos cookies pour éviter d’être pollué par des annonces non désirées. Pour cela rien de plus simple : allez dans les paramètres de votre navigateur et activez l’option « supprimer les cookies et les données de site en quittant ». Chaque fois que vous fermerez votre navigateur les cookies seront effacés.
- Prenez le temps de limiter les cookies durant votre navigation. Tous les sites vous le proposent, RGPD oblige, et une grande partie d’entre eux vous donne la possibilité de le faire en 1 clic.
- Le Cloud un espace de stockage bien gourmand
L’impact du cloud sur l’environnement est loin d’être neutre. En rendant les données accessibles par un grand nombre de collaborateurs, partout, tout le temps, le Cloud réduit l’archivage et la copie, mais il fait augmenter le nombre de données stockées et les besoins en matériel.
- Pensez à mettre en place des règles strictes d’utilisation et surtout de nettoyage des données sur le Cloud
- Envisagez la mise en place de quotas par utilisateur.
- Associez un pilotage énergétique et un choix d’équipements à haute efficience énergétique à votre stratégie Cloud pour réduire son empreinte environnementale.
- Limitez votre soif de renouvellement des équipements
A titre individuel ou en entreprise, les sollicitations sont nombreuses pour nous pousser à changer notre matériel régulièrement, desktop, laptop, téléphone mobile, imprimantes… Entre les sollicitations commerciales, l’obsolescence programmée et notre formatage à l’hyper consommation il est difficile de résister. Et pourtant…
Selon l’ADEME, la fabrication d’un ordinateur de 2Kg mobilise 800Kg de matières premières et dégage 124 kg de CO2 sur les 169 Kg qu’il émettra durant son cycle de vie, cela donne à réfléchir quand on sait que 30% des portables sont renouvelés en France avant leur quatrième anniversaire, alors que leur durée de vie moyenne est estimée à 5 ans.
Alors, avant de vous lancer dans un nouvel achat, demandez-vous si c’est plutôt, « maintenant tout de suite » ou plutôt, « c’est trop tôt, j’attends encore ».
- Prenez soin de votre matériel
Même si cela ressemble à une injonction scolaire, prendre soin de son matériel c’est la clé.
Pas besoin d’être un as de l’informatique pour réaliser les mises à jour proposées par les fabricants. Alors si vous avez la main sur votre ordinateur ou votre téléphone, lancez-vous ! Sinon sollicitez les personnes en charge de l’informatique de votre entreprise.
- Maintenez votre anti-virus actif et, à défaut, installez-en un sur votre ordinateur et sur votre mobile.
- Éteignez votre matériel lorsqu’il ne sert pas.
- Mobilisez-vous au premier signe de faiblesse ou de dysfonctionnement de votre appareil. Contactez votre DSI.
Pour ceux qui n’en ont pas, voici quelques astuces pour identifier et régler vous-même les problèmes les plus courants :- Rejoignez les communautés d’aide informatique qui vous accompagnent pas à pas telles que PC astuces
- Optez pour le «Do It Yourself en poussant la porte des ateliers de co-réparation tels que Atelier Soudé, Repair café,…
- Pensez seconde main
Si la solution à votre problème est finalement le changement d’équipement, pensez aux filières de reconditionnement. Non contentes de donner une seconde vie aux objets et de limiter ainsi leur impact environnemental, elles créent des emplois, contribuent au fonctionnement de l’économie circulaire, réduisent la fracture numérique et font du bien à votre porte-monnaie.
Et si vous tenez vraiment à acheter du matériel neuf, remettez l’ancien dans le circuit de l’économie circulaire pour lui assurer une seconde vie ou un recyclage approprié.
Vous l’aurez compris, chacun à notre niveau, professionnel ou personnel, nous pouvons améliorer l’empreinte environnementale de nos pratiques numériques.
Pour réduire la pollution numérique, il suffit de s’emparer du sujet et de décider de progresser. Ensemble
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